L’Irlande a dignement fêté son
retour sur les marchés financiers ce mois-ci. En effet, le gouvernement a
chargé quatre banques de lever des fonds à l’aide d’obligations à dix ans
(emprunts du pays aux acheteurs). L’opération s’est révélée être un succès
puisque 3,75 milliards d’euros de fonds ont été levés, pour une demande de 14
milliards d’euros. L’ampleur de la demande ainsi que le taux des obligations (3,5%,
bien inférieurs aux obligations antérieures à la crise) soulignent la confiance
des investisseurs envers l’Irlande, qui vient de sortir du plan d’aide de 85
milliards d’euros de la Troïka.
Cette levée de fonds illustre la
nouvelle indépendance financière du gouvernement irlandais, même s’il est à
souligner que les fonds empruntés serviront en partie à rembourser la dette
contractée avec le plan d’aide. L’enthousiasme des marchés vis-à-vis de
l’opération financière ainsi que les récentes bonnes nouvelles concernant
l’économie du pays (un taux de chômage en baisse, une croissance qui repart au
troisième trimestre) peuvent appeler à l’optimisme. Ces bonnes nouvelles sont
interprétées par les partisans de l’austérité budgétaire comme étant le
résultat de cette politique menée sur l’île depuis 2010.
Cependant, ces propos sont à
modérer puisque d’une part les données économiques ne sont pas toutes aussi
favorables, et d’autre part l’austérité n’est peut-être pas la source du rebond
irlandais. En effet, si le taux de chômage est en baisse, 12,9% de la
population est toujours sans emploi. De plus de nombreux ménages sont toujours
endettés, ils portent l’héritage des prêtes accordés facilement par
les banques avant la crise ainsi que de la chute du prix de leurs biens
immobiliers. Les ménages étant incapables de rembourser leurs emprunts, ce sont
aussi les banques qui sont en danger, car elles peinent à recouvrir les sommes
prêtées qui pourraient assainir leurs finances.
De plus, les opposants à
l’austérité soulignent que si l’Irlande a retrouvé la croissance, c'est grâce à la combinaison de différents facteurs tels que l’ouverture de son économie,
sa politique fiscale souple qui attire de nombreuses multinationales et sa
meilleure position en termes de compétitivité que les autres pays européens. Au
contraire, l’austérité aurait ralenti le rebond Irlandais en empêchant le pays
d’exploiter toutes ses capacités de production.
L’enjeu de cette lutte entre les
partisans et les détracteurs de l’austérité budgétaire via l’exemple Irlandais
est majeur, puisque le sort de la Grèce, du Portugal et de l’Espagne en
dépendent directement.
Robin Gremmel
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