Enfance et études
Comment avoir un nouveau point de
vue sur un homme que l’on a déjà étudié sous tous les angles ? C’est en appelant une
spécialiste de la littérature et de George Clémenceau que l’estrade a décidé
d’apporter un nouvel éclairage. En effet, le grand homme politique a toujours
également été un grand homme de lettres.
Il est ainsi curieux qu’après
s’être toujours concentré sur un autre fondateur de la IIIème république, Jules
Ferry, le XXIème siècle s’intéresse de nouveau à cet homme. Sur les Champs-Elysées,
il y a deux statues qui se font face : Charles de Gaulle et Clémenceau. Ce
dernier était un homme aux multiples talents : médecin, homme politique,
écrivain, spécialiste des religions, bilingue…
Il est né en Vendée, dans une famille de bleus (républicaine) à une
époque où la Vendée était majoritairement royaliste. Son père est un des
premiers républicains et a transmis ses convictions à son fils. Il a été
soupçonné d’être responsable d’un attentat contre Napoléon III. Envoyé aux
galères, à Nantes, ses amis se liguent contre ce départ. On prouve qu’il n’a
pas participé à l’attentat.
De la même façon, sa mère est
également dotée d’un tempérament rebelle. Elle est d’abord convaincue qu’il
faut installer la République. Elle refuse également de mettre ses enfants en
nourrice. C’est elle qui va faire leur éducation. Elle apprend notamment le
latin à Clémenceau.
Ils partent ensuite à Nantes, où
Clémenceau rentre au collège impérial. Il s’y ennuie beaucoup et se lance dans
des études riches en humanités. Travaille aussi bien les langues anciennes que
la littérature et il gagne de nombreux prix d’excellence. Il développe très tôt
une grande admiration pour le positivisme.
Il commence à étudier la
médecine, mais c’est un élève désobéissant. Ses professeurs sont donc soulagés
lorsqu’il part étudier à Paris. Il arrive dans le quartier Latin, où se déroule
toute la vie étudiante à l’époque. Son père l’accompagne et le présente à toute
l’opposition républicaine. Il est notamment parrainé par Etienne Aragon. Il
entre dès lors dans la clandestinité et écrit des feuillets éphémères victimes
de la censure. Il s’oppose au régime autoritaire de Napoléon III et finit par
faire un séjour dans la prison Mazars. Il y rencontre un homme qui aura un
grand impact sur lui, Blanquis.
A la fin de ses études il rédige
une thèse sur la génération spontanée des éléments atomiques. La thèse est
fausse, bien sûr. Il s’agit avant tout d’un acte politique anticlérical qui vise
à nier l’influence de Dieu. Beaucoup de ces thèses ne seront pas publiées.
Les débuts
IL entre dans le journalisme en
1862 en tant que critique littéraire et dramatique. Il s’attaque durement au
théâtre bourgeois, un théâtre conservateur et stéréotypé. Avec d’autres
étudiants, il cherchait notamment à empêcher les représentations en faisant le
plus de bruit possible. La pièce finissait alors par être annulée.
Pendant très longtemps, on s’est
demandé d’où venait son départ soudain pour les Etats-Unis. On parlait d’un
départ pour voir l’idéal démocratique de Tocqueville, il s’agissait en réalité
d’une déception amoureuse. Voulant se marier, le père de la jeune femme refuse. Il quitte alors la France pour les
Etats-Unis.
A New York, il fréquentera
beaucoup les milieux républicains. Comme il doit de l’argent à son père, il va
travailler comme professeur de français dans une institution pour jeunes filles.
Il y rencontre Mary Plummer qu’il épousera.
L’entrée en politique
Le 4 septembre 1870, Clémenceau devient maire de Montmartre.
Egalement médecin, il s’intéresse notamment aux droits des enfants et
l’assistance. Il abolira le tour, c’est-à-dire un mécanisme dans lequel les
mères déposaient les enfants à l’hôpital afin de les abandonner.
Le 18 mars 1871 : La Commune
débute. C’est une période intéressante pour déceler la particularité du rapport
que Clémenceau entretient avec la violence. Il tente décrire une grève
d’ouvriers à la manière de Zola, mais il est incapable d’en décrire la violence.
La violence de le tétanise. Pourquoi ? Un matin du 18 mars, l’armée
souhaite récupérer les canons de Montmartre. Mais ces canons ont fondus et
assemblés avec les biens des Montmartrois, qui refusent de les rendre. Ils se
rebellent face au militaire venu les récupérer. Clémenceau est à la mairie, il
est prévenu. Il tente de rejoindre les lieux mais arrive trop tard. Le
militaire est fusillé. IL en gardera alors une extrême culpabilité et une peur
des mouvements de foule. Il considèrera son échec comme une faute.
En 1879, il devient député de
Paris, c’est la rupture avec Léon Gambetta et les opportunistes. IL fonde,
comme tout homme politique, son propre journal, « la justice ».
Dans le même temps, arrive dans
les couloirs de la justice Gustave Geoffroy, qui est une rencontre
fondamentale. Ce dernier deviendra le plus grand critique d’art de cette fin du
XIXème. Il va introduire Clémenceau au monde artistique et aux salons.
Clémenceau n’est pas normalien, contrairement à Jaurès ou Blum, il n’a pas le
bagage culturel pour comprendre ce milieu. Lors d’un banquet, il affirme son
amour de la langue française. Il publiera son premier livre en 1895, les plus forts.
La traversée du désert
Le scandale de Panama, a été
l’ami de Cornélius Herntz, un escroc notoire. Il y a une campagne de presse
violente contre lui. Il est battu aux élections. En 1893, il entame sa
traversée du désert. Pour s’occuper il va s’adonner au duel, très doué à l’épée
et au pistolet.
Il va également se consacrer à
l’écriture. Il écrira notamment la mêlée sociale, un livre qui opère une mise
au point idéologique. Il ne se considère pas comme socialiste. Le cœur de son
action est la question sociale. Il prend parti pour les syndicats face aux
patrons. Ce texte est fondamental pour comprendre Georges Clémenceau.
En 1885, Emile Zola écrit
« j’accuse ». C’est Clémenceau qui va trouver cet article et le faire
publier. Il est d’une grande intelligence médiatique. Il n’est cependant pas un
dreyfusard de la première heure car il est doté d’une immense confiance en
l’armée et la justice.
Retour sur la scène politique
Le Var le réclame comme sénateur,
il fait alors son grand retour. Avec succès puisque de 1906 à 1908 il sera
président du Conseil. Durant son mandat, il va se heurter à une insécurité
énorme : grèves, criminalité (la bande à Bono). En tant que ministre de
l’intérieur, il va créer les brigades du tigre.
Lors de la catastrophe de
Courrières une mine s’effondre. Clémenceau rencontre le mauvais syndicat, celui
des anarchistes et non des plus modérés. Il indiquera tout de même s’être
engagé à ne pas tirer sur les mineurs. Le préfet du nord ordonne le contraire.
Clémenceau en prendra les responsabilités.
Lors de la crise du phylloxéra, l’un des
leaders du mouvement est emprisonné. Il fuit et rencontre Clémenceau chez lui.
Les négociations durent longtemps. Il rate son train et n’a pas l’argent
nécessaire pour s’acheter un billet. Clémenceau lui donne de l’argent. A son
retour à Narbonne, il est considéré comme un traître, la révolte prend fin.
Manigance habile de Clémenceau ? Peut-être.
Malheureusement il a été
impossible de couvrir l’intégralité de la vie de Clémenceau, c’est donc sur ce
point subtil que se termine la conférence. Merci à l’Estrade de l’avoir organisée et à très vite.
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