Il est très curieux de voir qu'en France, hormis quelques réussites comme engrenages, les revenants, un village français ou Kaamelott, il n'y a que peu de séries réellement novatrices ou même juste potables. Personnellement, j'attribuerais ce terrible défaut à un manque d'originalité et de prise de risque des producteurs. Curieux alors qu'en Grande-Bretagne, très comparable à la France au niveau démographie, proximité géographique et culturelle, fleurissent depuis bien des années des perles télévisuelles au succès international : Doctor who, misfits, utopia, downtown abbey pour n'en citer que les plus célèbres et celles qui ont ma préférence. Où se sont donc cachés la créativité et l'audace dans nos vertes contrées ?
Il
semblerait que depuis quelques années le web se soit peuplé de multiples
créations de jeunes bénévoles, souvent étudiants en cinéma, simples acteurs ou
amateurs du genre, des personnes à l'imagination débordante et aux projets un
peu fous qui arrivent avec remarquablement peu de moyens à des résultats
fascinants.
Leurs points forts :
–
Une totale liberté d'écriture :
indépendants, ils s'attaquent à des thèmes généralement délaissés par le grand
écran en France, ou par la télévision, et peuvent ainsi d'adapter à la demande
d'une nouvelle génération. La plupart des web-séries à succès se déroulent
généralement dans des univers de science-fiction (Le visiteur du futur de
François Descraques, les souverains d'Alexandre Michalak...), parfois
fantasy (noob de François
Fournier...) et est même arrivé tout récemment un petit nouveau
particulièrement prometteur de par sa qualité, Gabriel, qui opte pour un
univers horrifique et fantastique.
–
Un format court : comme pour le podcast, un
format court offre une dynamique de montage qui permet de capter en continu
l'attention du spectateur. De plus il permet de s'insérer sans problème dans un
emploi d'étudiant. Enfin, il contraint l'écrivain scénariste à vérifier
l'efficacité de son récit, qui est la base, le matériel original de toute
création vidéo.
Fascinant
de voir la manière dont les web-séries finissent petit-à-petit par s’allonger
en termes de durée. Si le visiteur du futur avait débuté par des épisodes d’à
peine 5 minutes, l’épisode final de la saison 3 frôle les vingt minutes. Outre
cette évolution, Les signes de réussite sont multiples. A la manière de leurs
grandes sœurs les séries anglo-saxonnes, elles s’élargissent avant tout par le biais
du cross-média. Romans, bande-dessinées, produits dérivés divers, jeux de
société… L’univers se décline à loisirs pour satisfaire les nombreux fans. Noob
a ainsi explosé le record d’Europe du crowdfunding (financement communautaire
par le biais d’internet), un exploit. François Fournier verra donc son bébé se
décliner en une trilogie complète grâce à la générosité de ses fans. Un tel
dévouement montre avant tout la volonté du public de s’investir dans
l’aventure, qu’il se trouve derrière un tel projet une vaste communauté
impliquée. Mais peut-on en conclure que la web-série représente l’avenir du
cinéma ?
Et
ensuite ?
Il
est extrêmement difficile d’en venir à une telle conclusion, la web-série n’en
est encore qu’à des balbutiements, mais difficile de nier que face à un cinéma
hollywoodien dont le modèle s’essouffle (il avait même été évoqué une fin
possible des blockbusters et les prémices d’une restructuration complète du
modèle cinématographique telle qu’elle avait eu lieu dans les années 80 avec
des cinéastes comme Georges Lucas et même Steven Spielberg qui avaient alors
donné un nouveau souffle au cinéma américain grâce à des productions peu
coûteuses bien éloignées des films actuels) et qu’en France les sociétés de
production semblent accorder plus de confiance à des réalisateurs indépendants,
comme en témoignent les sorties telles que La
marche de Nabil Ben Yadir, le passage du format web-série à un véritable
film ou série représente une perspective intéressante pour la vidéo.
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