Le cinéma de guerre, vous connaissez ? Loin de se résumer au Soldat Ryan et autres blockbusters américains, ce genre est riche d’adaptations en tout genre jalonnant la longue et riche histoire du cinéma. Les TNA ont décidé de se focaliser en particulier sur les films traitant de la 1ère Guerre mondiale. Le mois de décembre 2016 a sonné le glas du centenaire de la bataille de Verdun, un hommage s’impose donc à nos poilus et à ces millions d’hommes sacrifiés à travers l’Europe et le monde dans un conflit d’une brutalité jusque alors inégalée. Laissez-vous guider dans ce classement des plus beaux films sur la Première Guerre Mondiale, la Grande Guerre narrée par le 7ème Art !
Ci-dessous une liste de films pour enrichir votre culture sur la guerre 14-18 :
Les Sentiers de la gloire (S.Kubrick), Joyeux Noël (C.Carion), Cheval de guerre (S.Spielberg), Capitaine Conan (B.Tavernier), À l’Ouest rien de nouveau (L.Milestone), La Vie et rien d’autre (B.Tavernier), Flyboys (T.Bill), Baron Rouge (N.Müllerschön)…
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1- Un long dimanche de fiançailles, de Jean-Pierre Jeunet (2004) avec Audrey Tautou, Gaspard Ulliel
Film de guerre sur l’amour ou d’amour sur la guerre ? Toujours est-il que rarement une œuvre n’aura avec autant de sincérité décrit le traumatisme d’un conflit ravageur. Mené par un casting de haut vol, Jean Pierre Jeunet nous emmène tout droit dans les tranchées dans un univers qu’il décrit avec une esthétique qu’il maîtrise à la perfection. Ce film adapté d’un roman de Sébastien Japrisot narre l’histoire d’une jeune femme à la recherche de son amant qui aurait été condamné à mort par l’armée française pour s’être volontairement mutilé afin d’éviter de combattre. La jeune Mathilde part donc dans un périple à travers la France afin de faire la lumière sur les événements tragiques qui ont poussé à envoyer 5 soldats (dont Manech son amant) entre les tranchées françaises et allemandes afin de les punir d’avoir voulu vivre… Car bien que la plupart des gens cherchent à oublier cette triste histoire, Mathilde reste persuadée que quelque chose ne tourne pas rond : tous les condamnés sont-ils morts dans le no man’s land ? Pourquoi la plupart des témoins ne se manifestent ils pas ? Pourquoi certains gradés tentant d’étouffer l’affaire ? Que s’est-il passé entre ces tranchées exactement ce soir-là ? Guidez par un amour inébranlable, une flamme intérieure, la jeune Mathilde se lance dans un périple qui la confrontera à l’horreur de la guerre. Il n’est pas toujours bon de ressasser le passé et de terribles secrets sont enfouis dans la boue et les trous d’obus. Un long dimanche se profile, celui d’une rétrospection sur ce qui est à ce jour le conflit le plus ravageur que la France ait connu…
Anecdote : Pour les besoins du tournage, J-P Jeunet a recréé des lieux emblématiques de la capitale. Avec des procédés numériques sophistiqués, il a ainsi représenté la Place de l’Opéra, la Gare d’Orsay, les Halles de Paris, ou encore le Palais du Trocadéro comme ils étaient à l'époque.
2 Johny s’en va-t-en guerre de Dalton Trumbo (1971) avec Timothy Bottoms, Katy Fields
Si vous pensez que votre vie est décidément triste et insupportable il convient de vous faire visionner ce chef d’œuvre de Dalton Trumbo. Johnny est un américain qui décide de s’engager dans la guerre 14-18, animé par la fougue et la témérité de son jeune âge. Envoyé sur le front français, il est gravement blessé par un obus perdant au passage l’usage de ses yeux, de sa langue et de ses oreilles. Il se retrouve donc propulsé dans un lit d’hôpital, amputé des bras et des jambes, autant dire qu’il n’a pas tiré un carré d’as… Tout le film suit le parcours de Johnny dans sa « convalescence » alternant entre plans en noir et blanc symbolisant le désarroi dans lequel il se situe et plans en couleur raccrochant le jeune homme à ses souvenirs de jeunesse. Johnny sait que sa vie est ruinée, il n’est plus qu’un morceau de viande, un ver au bout d’un hameçon, un pantin pour ses médecins dépassés par la gravité de ses blessures. Il ne vit qu’au travers des rêves qu’il fait et des souvenirs passés en compagnie de sa famille. Pourquoi s’être exilé si loin ? À quoi bon s’être engagé dans cette guerre ? Le malheureux n’a même plus ses yeux pour pleurer, isolé, incapable de raisonner, perdu dans l’espace-temps et le néant. Il cherchera donc à tout prix à communiquer avec cette infirmière qu’il ne peut voir afin qu’elle exauce son vœu le plus cher. Mais son désir d’en finir se heurte à la déontologie et l’éthique de quelques médecins et généraux. « Johnny s’en va-t-en guerre » est un récit chargé de sens, un appel à la paix, un hymne à la jeunesse d’où résonne l’écho de la chanson de Craonne : « Adieu la Vie, Adieu l’Amour, Adieu toutes les femmes. »
Anecdote : Ce film est adapté du roman éponyme écrit par… Dalton Trumbo. Ce sera la seule et unique fois que l’écrivain réalisera un film.
3 – La Grande Illusion de Jean Renoir (1937) avec Jean Gabin, Erich von Stroheim
Probablement un des premiers films sur la Grande Guerre mêlant un casting multiculturel et dont la résonance pacifiste s’applique aussi bien à la France qu’à nos voisins allemands. Vous suivrez dans cette œuvre l’histoire du Lieutenant Maréchal et de ses compagnons d’armes français faits prisonniers et envoyés dans des camps en Allemagne. Loin du tumulte de Verdun, ils tenteront de s’évader des différents établissements où ils sont internés avant d’être transférés dans une forteresse dirigée par un commandant allemand, qui se trouve être celui qui a abattu leur avion avant d’être fait prisonnier. Le film suit donc les péripéties de ces soldats qui inépuisés, cherchent à regagner la Suisse en traversant l’Allemagne. L’histoire fera jaillir des antagonismes, mais aussi des amitiés y compris entre le commandant allemand et un prisonnier français originaire d’une famille aristocrate. Et si « La Grande illusion » était l’acte fondateur de l’amitié franco-allemande ? Un film non pas sur l’horreur de la guerre, mais sur les relations qu’elle engendre, des relations tantôt hostiles, tantôt humaines. Un périple pour retrouver sa liberté, mais surtout s’éloigner de cette violence, ce désir de reconquête, cette Grande Illusion. Le destin de ces soldats Français n’est pas si différent de celui des Allemands, plaisante justice que cette rivière borne…
Anecdote : À la sortie du film en 1938, Jean Renoir déclarera : « Parce que je suis un pacifiste, j’ai réalisé La Grande Illusion. Pour moi, un vrai pacifiste, c’est un Français, un Américain, un Allemand authentique. »
4- La chambre des officiers de François Dupeyron (2001) avec Éric Caravaca, Sabine Azéma, André Dussolier
Là encore nous avons affaire à une adaptation de roman et pas des moindres. La chambre des officiers suit le parcours d’un jeune soldat français blessé très rapidement au début du conflit. Atrocement défiguré par les bombes, il est conduit dans un hôpital parisien réunissant les graves blessés au visage. Entouré d’hommes au faciès mutilé, il va devoir réapprendre à vivre, à parler, à manger, lui qui jamais plus ne sourira. Syndrome d’une jeunesse jadis rayonnante et condamné à vivre dans le regard horrifié des gens qui l’entourent, celui qui apparaît comme un monstre nous emmène dans cet hôpital où la chirurgie esthétique commence tout juste à expérimenter des opérations pour redonner un visage à ces hommes brûlés et disloqués. Dans un lieu où le seul miroir est le regard de l’autre, Adrien est devenu un Frankenstein des temps modernes, victime d’un conflit où les blessures évoluent en même temps que les armes. Mais comment aimer un homme à la chair déchirée et au sourire atrophié ? Ce film est un hommage à tous les mutilés de guerre, ces gens condamnés à vivre infirme et dont la seule consolation est de recevoir une médaille. La jeunesse est sacrifiée au nom du devoir dans cette chambre où se croisent ces jouets de la science, car qu’y à t-il de plus horrible que de ne plus être reconnu, pas même par sa propre famille ?
Anecdote : La Française des Jeux créée en 1933 sous le nom de Loterie nationale a vu le jour afin de venir en aide aux mutilés de la guerre 14-18.
5- Frantz de François Ozon (2016) avec Pierre Niney, Paula Beer
Vous avez dit absence de film ? Car si Frantz est une morne plaine, il n’en demeure pas moins une onde qui bout dans une urne trop pleine. Il serait cruel de juger cette œuvre de François Ozon sur l’absence d’action et le rythme volontairement lancinant imposé par le réalisateur. Jouant à la perfection avec la variation des couleurs, Ozon nous offre un film en deux parties à la symétrie parfaite. D’un côté c’est la France et de l’autre l’Allemagne, un pays délesté de plus d’un million de jeunes hommes, humilié par la défaite et le Diktat français. C’est alors que débarque dans un petit village allemand un jeune français venu se recueillir sur la tombe d’un soldat allemand : Frantz. La communauté s’interroge, les doutes émergent un à un. Un lourd secret pèse sur ce soldat français rongé par des tourments qui raviveront les souvenirs douloureux d’un conflit sauvage. Les parcours successifs des personnages à travers les villes et les villages laissent poindre des paysages ravagés, des cicatrices qui perdureront, un antagonisme ravageur annonçant l’émergence des mouvements nationalistes des années 20. Dans cette Europe post-apocalyptique il n’y a plus de joie, plus de bonheur, simplement l’impression d’un cycle interminable de douleur et de chagrin. Frantz mérite amplement sa place parmi les œuvres incontournables sur la Grande Guerre. Ozon réalise avec ce film une odyssée sur la recherche de vérité enrichie par des thématiques variées telles que la mémoire, la musique, mais aussi l’homosexualité.
Anecdote : François Ozon a déclaré avec Frantz vouloir faire un film sur le Mensonge, une œuvre contrastant avec notre époque qu’il juge obsédée par la vérité et la transparence.
Le Rêve, Édouard Detaille (1888)
Le pôle culture a décidé de sélectionner pour vous un tableau peint par Édouard Detaille, intitulé « Le Rêve ». Exposé au musée d’Orsay à Paris, celui-ci est tout à fait symptomatique de l’imaginaire français de la guerre et du désir de reconquête des territoires annexés par la Prusse en 1870. Plus de 10 ans après la débâcle le sentiment de revanche demeure fort dans l’opinion publique, tous rêvent de voir la République triompher du voisin allemand. C’est dans ce contexte particulier qu'Édouard Detaille réalise cette peinture patriotique, une période marquée par un élan de solidarité nationale que l’on retrouve dans la culture littéraire (avec le Tour de la France par deux enfants,) mais aussi dans la peinture (La Rue Saint-Denis de Monet).
Le Rêve représente donc un bataillon français bivouaquant au crépuscule dans la campagne française, tous les soldats sont endormis et transportés dans un songe profond. Au-dessus des képis et des fusils entrecroisés apparaissent dans les nuages les spectres d’un passé militaire glorieux, celui du soleil d’Austerlitz et de la Grande Armée, celui d’une France victorieuse et conquérante. Alors que le moral de l’armée est entamé par la défaite, le souvenir des victoires de Solferino et du Trocadéro vient redonner de la bravoure aux jeunes soldats, qui tels des enfants songent à devenir aussi immortels que leurs aînées. Le boulangisme de la fin des années 1880 cherche à insuffler un sentiment national de fierté qui indirectement atteindra son paroxysme à l’aube de la 1ère guerre mondiale. Tapis dans la campagne, ces hommes semblent captivés par leur rêverie et le soleil lointain apparaît comme un futur plein de promesses et annonciateur d’une revanche éclatante, un futur finalement plein de désillusions qui coûtera la vie à 1,45 million de Français…
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