La
Conquête spatiale entre concurrence et coopération
Après la
seconde Guerre Mondiale, les ingénieurs allemands, ayant conçu les fusées V2, sont récupérés par l’armée
américaine et l’armée soviétique, ces deux puissances souhaitant bénéficier des
avancées allemandes. Mais les Anglais et les Français ont aussi largement
utilisé ces avancées pour leur propre programme nucléaire. Les USA et l’URSS les
utiliseront pour fabriquer les premiers missiles intercontinentaux et des
missiles nucléaires, mas aussi pour construire des fusées plus puissantes.
C’est
ainsi que commence la course à l’espace entre les deux superpuissances. Les soviétiques
seront d’ailleurs pendant longtemps loin devant les américains, ce qui est
trop souvent oublié. En effet en 1957 pour le 40éme
anniversaire de l’union, Sergueï Korolev (un grand ingénieur aéronautique et
chef du programme spatial de l’URSS) réussi à mettre « sputnik 1 » et
« sputnik 2 » (avec à bord la chienne « Laïka »
premier animal à être allé dans l’espace) en orbite, alors qu’à cette période
les américains échouent à lancer leur premier satellite.
Seulement quatre ans plus tard, le 12 avril 1961, Youri Gagarine sera le
premier homme à aller dans l’espace, cet exploit est salué par la presse du
monde entier et consacre l’avance de l’URSS dans la course à l’espace.
Légèrement agacés par leur retard et surtout par la réussite très médiatisée de
leurs ennemi du moment les américains prévoient de frapper un grand coup en
envoyant le premier homme sur la lune, ce qu’ils feront en 1969 avec Neil
Armstrong et Buzz Aldrin.
On
l’aura compris la course à l’espace est depuis longtemps une histoire de
prestige pour montrer au monde et surtout à son ennemi son avance
technologique, elle est donc au centre d’une bataille acharnée entre les
Etats-Unis et l’URSS.
Pourtant
en 1975 lors d’une période de détente, pour la première fois une navette Soyouz
s’amarre à une navette Apollo. Un geste de détente fort, symbole de cette période de réchauffement pendant la guerre froide, mais
qui n’ira pas vraiment plus loin qu’une simple rencontre entre les astronautes
des deux pays. Ce n’est qu’après la chute de l’URSS en 1991 que la coopération
va plus loin, les Etats Unis cherchent des partenaires pour construire une
station spatiale alors que la Russie, qui connait de grandes difficultés
financières, a besoin d’aide pour financer son programme. L’ISS, la station
spatiale internationale, dont la construction a commencé en 1998, est la
consécration de la coopération internationale dans le domaine spatial (elle regroupe outre Les
Etats-Unis et la Russie, l’Europe, le Canada et le Japon, et a depuis accueilli
des astronautes de 36 nationalités différentes).
Bien qu’il existe une coopération internationale,
l’espace a été depuis que les pays ont envisager la possibilité d’y aller et
pendant toute la guerre froide, un théâtre de tensions. Qu’en est-il aujourd’hui?
Actuellement,
les différentes agences spatiales mondiales semblent recommencer à se faire concurrence.
Russes
et Chinois ont des ambitions spatiales très prononcées, et pas des moindres.
Les Russes
forts de
leur expérience acquise lors de la guerre froide veulent assembler leur propre
station spatiale dès 2024, qui pourra servir de point de départ aux vaisseaux
de missions de colonisations futures. Cependant bien que réalisable sur le plan
technique, ce projet l’est nettement moins sur le plan financier. L’agence
spatiale russe (de son vrai nom Roscosmos), a un financement assez limité, son
budget en 2012 était de 5 milliards d’euros, ce qui parait bien peu face aux 17
milliards d’euros de la NASA. Alors quand on sait
que la NASA a eu besoin d’aide pour l’ISS on s’imagine mal une station
construite uniquement pas Roscosmos. D’autant plus que dans un contexte de
sanctions occidentales et de contre-sanctions de sa part, la Russie connait des
difficultés économiques (une contraction du PIB de 3.73% en 2015). Une
augmentation du budget de l’agence spatiale qui serait nécessaire à la
réalisation de son ambition ne semble donc pas à l’ordre du jour, ni à celui de
demain…
La Chine,
quant à elle, a un programme pour préparer l’arrivée d’astronautes chinois sur
la lune en 2025-2030 pour à terme exploiter les ressources du sous-sol lunaire,
ambition réalisable avec la technologie actuelle et qui parait être une
ambition « naturelle » de la Chine compte tenu de ces besoins croissant en matières premières. Cependant les coûts sont tels que pour
le moment que ce ne serait pas rentable. Mais à l’horizon 2025 ce pourrait être
possible grâce à l’essor considérables des sociétés privées.
les Etats-Unis qui
sont toujours dans la course et semble avoir délaissé la Lune pour Mars.Ils seront, quand même, amenés à retourner sur notre
satellite pour tester de nouveaux matériels car les technologies actuelles
rendent les voyages vers Mars difficiles et les conséquences sur la santé des
astronautes sont encore mal connues ,une étude de l’université d’Irvine en
Californie montre que les rayons cosmiques pourraient avoir des dommages à long
terme sur le cerveau des astronautes.
Quant
est il de l’europe et des autres pays? l’ESA
a certes réussi à faire atterrir la sonde Rosetta sur un astéroïde, mais elle
n’a pour le moment aucune ambition de conquête spatiale à proprement parler
(d’ailleurs seulement 9,3% de son budget sert pour des missions habitées contre
40% pour la NASA). Cette agence est plutôt tournée vers l’observation de la
terre grâce aux satellites grâce aux programmes Copernicus et sentinels et à la recherche (20% du budget). C’est pourquoi cet article ne traitera pas
de l’ESA malgré son importance évidente. Il y a d’autres agences que l’on
pourrait citer qui sont dans ce cas comme l’Organisation Indienne pour la
Recherche Spatiale, qui a réussi à mettre en orbite une sonde autour de Mars,
mais ces agences sont loin d’avoir suffisamment de moyens pour envisager des
projets de taille comparable à celle de la NASA ou Roscosmos.
Nous le
voyons les différentes agences nationales ont des objectifs qui n’impliquent
pas de partenaires, ces objectifs sont mêmes conçus sans aucun partenaire car les pays (et pas seulement les agences) se
font concurrences et les agences spatiales ont de fait des agendas définis par les politiques de
leur gouvernement, ce qui n’invite pas à la coopération. Mais il est un
problème qui revient régulièrement pour toutes, le financement.
En
effet, le coût d’une mission est exorbitant (et c’est peu de le dire, la
mission Rosetta de l’ESA a coûté 1.4 milliards d’euros à l’ESA, imaginez le
coût d’une colonisation. Ces coûts réduisent donc la marge de manœuvre des pays
et de leurs agences spatiales et les poussent à rester en contact, quelle que soit la situation politique, au sein de l’ISECG (International Space
Exploration Coordination Group) où 14 agences mènent des travaux de réflexions
collectives. L’ISECG défini ces travaux comme étant une « coopération internationale en
matière d’exploration humaine et robotique de notre système solaire » ce
qui veut simplement dire échange de savoir. Cette coopération reste donc très limitée car
l’ISECG n’a pas les moyens de définir ses propres missions, en fait
l’ISECG n’est même pas une agence spatiale.
En plus des
contraintes économiques, les agences nationales sont souvent assignées à l’envoi
et au maintien de satellites (d’écoute et d’observation) destinés à la défense.
C’est le cas pour Roscosmos, l’agence spatiale française, chinoise et d’autres
(israélienne, iranienne, coréenne…).
Du fait
de ces contraintes et de ce manque de coopération, il est très probable que des
entreprises privées jouent un rôle de plus en plus important. En effet les
acteurs privés même peu nombreux ne sont pas en reste. De nombreuses
innovations leur sont dues, on pourra citer la technologie du falcon 9 de Space
X qui est la première fusée à avoir atterri, (le
21 décembre 2015) et qui est donc réutilisable, ce qui va permettre de réduire
les coûts de construction des vaisseaux.Il faut aussi ajouter à cela les
innovations en cours de développement: Boeing
est en train de construire une capsule habitée qui pourra être utilisée dès
2018, Bigelow Aerospace développe une station spatiale composée de modules
habitables gonflables appelés BEAM (Bigelow Expandable Activity Module).
D’autre part Space X a déjà assuré 8 ravitaillements de l’ISS.Il est donc
probable qu’au
vu de
la progression très rapide du secteur privé (Space X existe depuis 2002 et Bigelow
Aerospace depuis 1999) ce dernier assurera dans un futur assez proche les
missions en orbite basse (ravitaillement, transport pour l’ISS…) pendant que
les agences spatiales s’occuperont de repousser les limites de l’univers (ou du
moins celles de l’homme). Mais les entreprises spatiales ne semblent pas
vouloir s’arrêter là, Space X a déjà comme ambition une mission de colonisation
de Mars à l’horizon 2025.
Il
semble donc, que l’espace soit un terrain peu propice à une coopération
internationale poussée qui permettrait sans doute des avancées plus rapides et
plus importantes. Cependant l’émergence du secteur privé et d’une coopération publique/privé est une aubaine pour les états car cela
permettra à leurs agences de rediriger leurs moyens vers des missions plus
compliquées et coûteuses que celles en orbite basse mais aussi d’éviter que
s’organise une coopération plus poussée.
Marc FOUQUET
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