Dimanche, la vague bleu marine s’est transformé le temps d’un soir en un tsunami. Lors des élections cantonales partielles à Brignoles (84), le candidat FN Laurent Lopez a récolté 40,4% des voix au premier tour. La candidate UMP Catherine Delzers est littéralement écrasée avec seulement 20,8% des voix.
La gauche, quant à elle, a une nouvelle fois souffert de ses divisions récurrentes.
Dans un canton ou Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen ont rassemblé presque 60% des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle de 2012, ses chances d’accéder au second tour en présentant deux candidats étaient quasi-inexistantes. Avec 14,6% pour le candidat PCF Laurent Carratala et 8,9% pour Magda Igyarto-Arnoult, candidate EELV, elle est privée de second tour à cause de son absence totale de pragmatisme. Si l’on ajoute les 9,1% du candidat dissident d’extrême droite Jean Paul Dispard et un probable report de voix en provenance de l’extrême gauche sur le FN, on obtient une forte probabilité que celui-ci remporte le scrutin au deuxième tour.
Mais le
véritable objet de cet article ne réside pas seulement dans les résultats que
je viens de décrire. Ces résultats ne sont qu’une étape de plus dans le montée
inexorable du FN en France, qui ne pourra s’arrêter que si nos politiques
tirent les leçons qui doivent être tirées. La seconde guerre mondiale et ses
totalitarismes ont bouleversé le visage de l’humanité, c’est pourquoi il faut
réfuter le parallèle avec les années 30. Pourtant, il semble évident que la
crise est le premier facteur explicatif de cette montée. Elle ne constitue
cependant qu’un élément déclencheur, le facteur décisif étant la réponse que
l’on adresse à cette crise, ou plutôt l’absence de réponse tangible. Les promesses
de Nicolas Sarkozy de réguler la finance mondiale et de mettre fin à la
financiarisation excessive de l’économie constituaient une esquisse de réponse
adéquate mais elles sont tombées à l’eau, de même que celles de François
Hollande - qui clamait que la finance mondiale était son « ennemi ».
Ainsi, la droite de 2008 à 2012 et la gauche par la suite ont laissé le loisir
au FN de dénoncer l’évidence dans tous les médias : les gouvernements en
place n’ont apporté aucune solution à la crise.
Face à une
situation économique toujours plus déplorable, les attentes des français ont
changé. Ils ont replacé les questions purement politiques comme l’immigration
au centre de leurs préoccupations. C’est un mécanisme bien connu : en
temps de crise, les citoyens délaissent les questions économiques qui semblent
ne pouvoir trouver aucune solution à cause d’un système rigide englué dans ses
vieilles certitudes. Ils se concentrent donc sur les valeurs et les idées
directrices qui fondent la base de notre société, car ils sentent bien que
cette crise doit entraîner un changement radical de système politique et
économique. Ce phénomène est couramment dénommé par nos médias par l’expression
de « crise identitaire ». Ainsi, pendant que la gauche et la droite
ont continué à laisser les élites économiques dicter la politique de notre pays
et brouiller les frontières entre les deux domaines, le FN a redonné aux yeux
des français un sens politique à la politique. Il a su remobiliser une partie
des français autour d’un projet et de valeurs communes. Dans ce projet, le FN
promet de gouverner pour le peuple après des décennies de gouvernement au
service des élites et des idéologues néo-libéraux. L’erreur impardonnable qu’il
commet, c’est d’avoir choisi des valeurs comme l’intolérance, la haine ou le repli
identitaire pour guider son projet. Le peuple doit lutter pour l’instauration
d’un autre système plus juste et plus égalitaire. Il est en revanche de notre
devoir de citoyens de faire barrage à la société que nous propose le Front
National qui n’est autre qu’une société sécuritaire, liberticide et violente,
comme aux pires heures de l’Histoire.
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