(Ou : sémantiquement parlant, mais ça sonne moins bien)
«Contre-vérité » et assimilés se sont introduits l’air
de rien dans la sphère politico-médiatique ces dernières années. Ainsi Nicolas
Sarkozy rétorquait pendant sa campagne de 2012 « Ce que vous dîtes est inexact
» face à ses journalistes et adversaires. Et, alors que Le Monde parlait
de « petits arrangements avec
la vérité » après une intervention de François Hollande, nombreux
sont ceux ayant commencé à dénoncer les « contre-vérités» énoncées par les acteurs de la sphère
publique. Ces éléments de langage n’ont
qu’un objectif : ne pas utiliser le mot honni, effrayant, qu’est le
mensonge. Chacun y va donc de sa petite formule pour critiquer sans trop
froisser, afin de ne pas heurter la bienséance environnante.
Toutefois, la tromperie, le mensonge, tout y
est passé pour qualifier le comportement de Jérôme Cahuzac. Cette fois, oui,
c’était terrible et on comprend que les termes employés aient été plus forts.
D’ailleurs, il est certainement possible de graduer le mensonge. De celui de
l’enfant cherchant à éviter une punition à celui du mensonge d’Etat se trouve
en apparence un fossé infranchissable. Mais pour ce qui relève du domaine
public, il n’y a pas de petit mensonge. Cette attitude, récurrente, d’envoyer
au pilori une personne alors que d’autres se voient uniquement affublés de
termes politiquement corrects laisse croire qu’il y aurait en fait un
échelonnage simple : le mensonge, le vrai, l’unique, aussi immense
qu’impardonnable, et les autres, insignifiants, qu’on ne prendra pas la peine
de nommer de façon appropriée.
Ce foisonnement de qualificatifs version
langue de bois est préjudiciable à la vie politique française, en cela qu’elle
laisse à certains la possibilité de dénoncer des actes avec des mots qu’eux
seuls utilisent. Cela vient renforcer leur discours. Car, en pointant du doigt
un mensonge, ils peuvent ainsi donner l’illusion de prononcer la vérité, d’être
les seuls à pouvoir ouvrir les yeux du peuple. Si Lapalisse et Captain Obvious
étaient là, ils rappelleraient à tous que quand ce n’est pas vrai, c’est faux.
Et inversement.
Timothée
Sicot
Fin très stylée ! :)
RépondreSupprimerMerci :)
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