En ce vendredi 6 décembre 2013, ce n’est pas le rouge de
Noel qui arbore les couloirs de notre chère Toulouse Business School mais bien
celui du Front de Gauche. TBS press vous replonge dans cette conférence, plutôt
haute en couleur, avec Jean-Luc Mélenchon.
C’est avec un amphithéâtre plein à craquer que la Toulouse
Business School accueille le leader du front de Gauche. Démarche lente mais
assurée, le créateur du « fisc-fucking » déclare avec amusement « Il
y a beaucoup de rouge dans cette salle » et annonce le ton humoristique de
la conférence. JLM s’esclaffe même face aux « Laisse la chance au PS »
ainsi que le « Viens, viens, viens Mélenchon » de la vidéo du
micro-trottoir.
Après une mise en bouche amusante, place à la conférence !
Nos présentateurs abordent une nouvelle tragique avec le politicien : la
mort de Nelson Mandela, l’ancien président sud-africain et figure emblématique
du combat contre l’apartheid. « Les morts sont tous des braves types,
les gens peuvent donner toute leur vie même des années d’emprisonnement. C’est
une belle journée pour l’hypocrisie ! En France, des enfants auraient
pu lui jeter des bananes» déclare notre invité, visiblement touché par le décès
de Madiba.
Ensuite, nos animateurs décident de titiller l’ex candidat à
la présidentielle en lui remémorant son mauvais décompte de manifestants. A
cette provocation, JLM réplique « On ne vient jamais seul à une
manifestation ! J’espère que vous n’êtes pas naïfs, tout le monde triche,
tout le monde truque. Les médias ne sont pas un système d’information, c’est
une arène. Si vous pensez que c’est une arène vous pourrez faire du commerce,
les médias sont un lieu de subjectivité ! Si quelqu’un pense que je me trompe,
démontrez-le. Valls est un menteur ! »
La conférence se poursuit par la définition mélenchoniste de
la révolution fiscale. Et, baisse de la TVA et des impôts semblent en être les
maître-mots. Le candidat déchu de la présidentielle de 2012 n’hésite pas à fustiger
l’échiquier politique français. « Sarkozy a peur de la finance, c’est
Sarkozy ou le gentleman agreement.
Hollande, en changeant de ligne politique, a fait pire que lui et a désorganisé
les forces de lutte que nous avons constituées à gauche ».
Concernant la crispation sociale en France, JLM pointe du
doigt la montée de l’extrême droite, son véritable adversaire idéologique. Le
politicien, affecté par l’affaire Taubira, affirme que l’aigreur des français
face au chômage galopant, à la misère grandissante et au poids de la dette se
porterait sur la couleur de la peau. Et « seul le front de gauche a pris
conscience de ce climat économique et social ».
Puis, c’est sur une critique du modèle d’austérité allemand, que débutent
les considérations de JLM quant à l’Union Européenne. Cet adepte du fédéralisme
solidaire explique aux 500 spectateurs présents ce qu’est le « mélenchonisme ».
S’il reste toujours attaché à un organe politique fédérateur, le leader du
front de Gauche insiste, toutefois, sur la nécessité d’une construction
européenne basée sur l’union politique puis économique et non l’inverse. JLM
dénonce un fédéralisme bureaucratique totalitaire dont les principales victimes
sont les Grecs et les Chypriotes et revendique une construction européenne avec
comme point d’appui la France. « La France n’est pas une nation
occidentale mais universaliste ». Ses frontières s’arrêtent aux confins du
Brésil avec la Guyane Française et l’Hexagone entretient des relations
particulières avec le Maghreb. « Ce n’est pas du nationalisme mais une idée
de la place géographique de notre pays ». Selon le politicien, la France repose
sur un modèle égalitaire alors que l’Allemagne de Merkel satisfait les besoins
de l’actionnariat, conception à laquelle il accuse Nicolas Sarkozy et François
Hollande d’adhérer. Le premier par conviction idéologique et le second, le « faible »
convaincu que la croissance allemande va impulser celle de la France. « La
libre-circulation est une sottise » ajoute le politicien du front de
Gauche qui préconise une forme de
protectionnisme solidaire « On ferme mais on négocie ».
Enfin, la conférence s’achève sur un débat économique et
écologique. Lorsqu'il est question de la rémunération des cadres issus des
écoles de commerce, le ton se hausse. « Vous pensez vraiment que vous
valez un million d’euros ? ». Cet amoureux de la philosophie critique
avec véhémence l’accumulation de la richesse par une minorité de la population.
« Les riches désorganisent la société, c’est pour ça qu’il y a autant de
pauvres ! ». L’arnaque et la finance, jugées immorales, le mettent
hors de lui, « A partir du moment où vous faite la sale besogne vous êtes
le système ! ». JLM s’indigne également face à la fermeture de grands
groupes français en raison d’une rentabilité économique inférieure à 15%. Le pilier
du Front de Gauche élabore une planification écologique dans laquelle il
souhaite exploiter le domaine maritime et forestier de la France. JLM, après
plus d’une heure de débat, termine son discours sur une note nationaliste « N’ayez
pas honte de votre pays, on est bon en France, voire même très bon ».
Gabrielle Esperance
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