Top 5 des films de science-fiction : un article du pôle ciné des Track'n'art
Après t’avoir fait vibrer avec nos
meilleurs recommandations sur le cinéma d’horreur, les TNA reviennent te
proposer leur nouveau TOP 5 dédié aux films de Science Fiction. Tu pensais
avoir fait le tour en regardant Star Wars ? Détrompe-toi, la SF est un genre
aussi large que complexe et il est venu le temps pour toi d’explorer cet
univers futuriste qui traverse les époques. Ci-dessous, une liste non
exhaustive des films méritant d’être vus et qui hélas n’ont pas pu être retenus
dans notre TOP 5.
Brazil (Terry Gilliam), Minority Report (Steven
Spielberg), Solaris (Andreï Tarkovski), Stalker (Andreï Tarkovski), The Island
(Michael Bay), Bienvenue à Gattaca (Andrew Niccol), Matrix (Andrew & Larry
Wachowski), La planète des singes (Tim Burton), Origins (Mike Cahill),Le
Transperceneige (Bong Joon-ho), Le Cinquième Élément (Luc Besson), Interstellar
(Christopher Nolan), Le fils de l’homme (Alfonso Cuarón), Star wars (George
Lucas), Her (Spike Jonze)
N’hésitez pas à donner vos suggestions en commentaires !
1 - 2001, l'Odyssée de l’espace,
Stanley Kubrick (1968) avec Keir Dullea, Gary Lockwood
Parce qu’un TOP 5 sans Kubrick, c’est comme un OB sans
navettes retour, impossible de passer à côté de ce qui est à ce jour considéré
comme le film de science fiction le plus sybillin jamais réalisé ! Séparé en 4
parties, ce film est un mélange incroyable de méditations sur l’humanité,
l’évolution, la métaphysique mais aussi l’intelligence artificielle. Écrit dans
un contexte de course à l’espace en pleine guerre froide, cette odyssée est
celle de l’Homme face à l’infini qui s’offre à lui, si près et inatteignable.
Dans une obscurité rythmée par Le Beau Danube Bleu, les vaisseaux flottent dans
le néant, se mouvant aux rythmes des valses de Vienne. Si le réalisateur a
toujours refusé de donner une version à la fin de son film c’est justement pour
entretenir ce sentiment d’abandon qui hante le spectateur, l’impression que
malgré les innombrables avancées scientifiques, notre rationalisme se heurte
également à une finitude rendant impossible la compréhension de notre univers.
Et si l’acceptation de notre échec à tout savoir était la condition d’accès à
cette éternité symbolisée par le trajet quasi onirique et psychédélique réalisé
par le cosmonaute à travers la galaxie ? Du premier singe, maniant l’os, au
robot HAL, apogée de la science et de l’ingéniosité de l’Homme, l'Odyssée de
l’espace vous transportera aux quatre coins de la Galaxie où se retrouve
inlassablement ce monolithe que rien ni personne ne semble pouvoir expliquer : une
preuve de vie extraterrestre pour certains, un signe manifeste de l'existence
de Dieu pour d’autres, libre à vous d'interpréter ce chef d’œuvre dont l’écho
résonne encore aujourd’hui avec des films comme Interstellar !
Anecdote : Grand méloman, Kubrick puise dans le
répertoire classique afin de donner une âme à son film : Strauss Wagner,
Katchaturian ou encore Ligeti ont composé des morceaux que l’on peut entendre
dans l'Odyssée de l’espace. Mais plus étonnant encore, Kubrick aurait proposé à
Pink Floyd de participer à la bande originale du film, proposition refusée par
le groupe britannique qui déclare quelques années plus tard avoir regretté de
pas accepter.
2- Blade
Runner, Ridley Scott (1982) avec Harrisson Ford, Sean Young, Rutger Hauer
Ce film, considéré comme un epic fail à sa sortie, est
maintenant cultissime et une inspiration constante pour la SF encore aujourd’hui.
Cette adaptation du livre de Phllip K. Dick se situe dans un Los Angeles
pluvieux et toxique, dont l’atmosphère rappelle les vieux films policiers
américains. Les humains migrent vers d’autres planètes. Eldon Tyrell a créé une
nouvelle race d’esclaves, des androïdes appelés les « réplicants », qui sont
indifférenciables des humains. Un groupe d’androïdes dissidents, trop
perfectionnés pour être laissés en vie, sont ainsi déclarés hors la loi et
poursuivis par une brigade spéciale, les « Blade runner », bien qu’ils
parviennent à venir à Los Angeles.
Deckart, le héros, un blade runner, est chargé de poursuivre et de « retirer »
(de tuer, en gros) ces réplicants… devenant à son tour une épreuve personnelle
plus profonde pour le héros.
Comme tout bon film culte de SF, les thématiques sont vastes et le symbolisme
fort. Il pose des questions sur ce que c’est d’être humain : est-ce fait de
chair ? Ou de sentiments ? de souvenirs ? Le héros se nomme d’ailleurs Deckart
(Descartes ?). Le symbolisme du père créateur tout puissant dans sa forteresse,
ici en forme de pyramide, n’est pas sans rappeler les mythes fondateurs des
religions avec le rapport ambigu au père. Ce film, très riche, mérite plusieurs
visionnages, à la fois pour ses messages, mais aussi pour sa mise en scène
mythique.
Anecdote : Philip K.Dick, un des grands noms de la
littérature SF, a vu nombre de ces livres adaptés au cinéma. Blade Runner mais
aussi Total Recall, Minority Report, Planète hurlante, Confessions d’un barjo,
Truman Show, etc.
3 - La Route, John Hillcoat (2006)
avec Viggo Mortensen, Kodi Smit-McFee
Tiré du roman éponyme de Cormac McCarthy, ce film
post-apocalyptique n’a rien a envié à Snowpiercer ou Madmax. Il met en scène un
père et son fils traversant un pays ravagé par un mal dont on ignore la cause.
Marchant en direction du sud avec un simple cadis, ils tentent de survivre dans
ce tourbillon de poussière et de cendre où aucune espèce ne semble demeurer. La
route est un voyage aussi long qu’incertain, où les instincts les plus
primaires se manifestent. La terre est revenue à l’état de nature et chacun
lutte dans ce monde hobbessien pour sa survie, par convoitise, et pour la gloire.
Bouleversant de sensibilité, ce père poursuit inlassablement sa route,
protégeant son fils de l’animalité régnant en chacun de nous. L’Homme est un
loup pour l’Homme et la science-fiction est celle de la survie, de la violence,
de la découverte d’une civilisation jadis rayonnante. Attachez votre ceinture,
la route sera longue et animée dans ce film troublant à l'esthétique glaçante.
Ce film est un hymne à l'espoir, celui de retrouver un jour un havre de paix.
Le père et le fils poursuivent leur chemin, guidés par cette flamme intérieure,
cette lumière céleste, ce sémaphore dans la tempête, ce fanal dans la nuit.
Anecdote : Le film est tiré du roman de Cormac McCarthy,
véritable succès mondial, celui-ci s’est vendu à plusieurs millions
d’exemplaires aux USA, recevant même le prix Pulitzer en 2007. Citons également
le livre No Country for Old Men du même auteur adapté par les frères Cohen.
4- District
9, Neill Blomkamp (2009) avec Sharlto Copley, Vanessa Haywood
Un matin, un gigantesque vaisseau alien s’échoue au-dessus de Johannesburg,
avec en son bord des aliens, nommés « crevettes », en difficulté et dans
l’impossibilité de repartir. 20 ans plus tard, tous parqués dans le « District9
», les aliens sont pris en charge par le MNU (Multinational United, référence à
l’ONU), une multinationale qui ne s’intéresse qu’à leur armement fonctionnant
uniquement avec de l'ADN extraterrestre.
C’est dans ce contexte que nous suivons Wikus, un agent de terrain de la MNU,
qui est chargé de l’évacuation (du génocide) du district 9, qui suite à un
accident va se transformer en « crevette ». Devenant précieux pour la MNU, il
va se réfugier dans le district 9, dernier endroit sûr pour lui, et va croiser
le chemin d’un alien et de son fils, bien déterminés à quitter la Terre.
De nombreux thèmes sont évoqués dans ce film souvent dérangeant, avec un
parallèle à peine voilé avec l’apartheid, où finalement, la xénophobie et la
peur de la différence laissent peu de place à l’espoir quant à l’humanité. Dans
le film, un étrange paradoxe né : Wikus devient plus humain à mesure qu’il se
transforme en autre chose qu’un humain.
La critique porte aussi sur le capitalisme, qui cherche des profits partout
(dans la sous-traitance des forces armées par exemples) et à n’importe quel
prix (cf. la scène du labo, les vrais sauront). Ambivalent et pessimiste, avec
une façon de filmer proche du documentaire, ce film est une vraie réussite.
Anecdote : Ce film a été produit par ni plus ni moins que
Peter Jackson. D’ailleurs les créatures du film ont été développé par WETA
Workshop, des artistes ayant travaillé sur la saga du Seigneur des anneaux.
5 - Ex_Machina, Alex Garland (2015)
avec Domhnall Gleeson, Alicia Vikander, Oscar Isaac
“Ex_Machina” est un film dans la
lignée de “Her” cherchant à exploiter le thème du robot humanoïde et de sa
capacité à émettre des émotions. Car si la science réussi à reproduire le
corps, l’âme demeure depuis longtemps une caractéristique propre à l’être
humain. Ce film au silence pesant et plongé dans un isolement quasi
claustrophobique, narre l’histoire de Caleb, un jeune ingénieur sélectionné par
le créateur d’un groupe informatique, Nathan et inventeur d’un système IA
appelé Ava. Il va devoir se soumettre à un test de Turing, face au robot
féminin, afin d’essayer de prouver que même les machines ont une conscience.
Petit à petit des éléments viennent troubler Caleb, Ava le met en garde contre
Nathan. Ce dernier a une attitude de plus en plus équivoque, ponctuée par son
addiction à l’alcool. Caleb en vient à éprouver des sentiments pour ce robot féminin
enfermée dans l’immense propriété de son créateur et destinée à être
reprogrammée à la fin du test. Plus qu’une simple considération sur le progrès
technologique et ses dérivés, “Ex Machina” sonde l’irrationnelle de l’âme
humaine heurté à la mégalomanie d’un inventeur. Le cœur a ses raisons que la
raison ignore, Caleb en fait les frais dans cette fiction ayant reçu l’Oscar
des meilleurs effets visuels, incarné par un Oscar Isaac époustouflant dans la
peau du savant fou, et Alicia Vikander dont la beauté et la plastique se
retrouvent subjuguées par une fluidité des mouvements rendant son personnage
plus humain que nature.
Anecdote : Afin de concevoir son personnage de
l’effrayant scientifique, Oscar Isaac s’est inspiré de deux figures différentes
symbolisant le génie mathématique et artistique, à savoir le joueur d’échecs
Bobby Fischer et le réalisateur Stanley Kubrick. Il a puisé dans ces deux
personnes un caractère à la fois colérique (pour le premier) et lumineux (pour
le second) couplé à une mégalomanie et un besoin de tout contrôler. Le port de
la barbe et des lunettes n’est d’ailleurs pas sans rappeler le réalisateur de
2001, l'Odyssée de l'espace.
La Tour de Babel (Peter Brueghel
l’Ancien)
La peinture elle aussi a inspiré les plus grandes œuvres
de science fiction ! Le pôle culture vous a ainsi sélectionné le tableau
intitulé “La Tour de Babel” peint par Pieter Brueghel l’Ancien en 1563. Cette
fois-ci pas de martiens, ni de catastrophe nucléaire ou de vaisseaux spatiaux,
mais cette peinture à l’huile emprunte un thème biblique dont la portée dépasse
la simple représentation religieuse. Le mythe de la tour de Babel fait partie
des récits fondateurs de la tradition judéo-chrétienne. Les hommes voulant se
hisser à la hauteur de Dieu entament la construction d’une tour gigantesque
censée atteindre les nuages. Mais le démiurge sème la discorde entre les
langues afin que les hommes ne puissent plus se comprendre et soient donc
condamnés à arrêter la construction.
Métaphore de l'orgueil démesuré de
l’Homme, “La Tour de Babel” témoigne de l’ingéniosité de chacun et du
dépassement effectué. En s’affranchissant des contraintes terrestres, l’homme
pense pouvoir rivaliser avec des puissances métaphysiques grâce au rationalisme
et aux innombrables découvertes mathématiques, scientifiques, techniques qu’il
effectue. Son imagination et son génie ne semble se heurter à aucune limite.
L’éclat et la blancheur de la roche composant la tour est pourtant le reflet de
l’hybris. Il est des barrières que l’on ne peut franchir et si la science nous
permet d’aller toujours plus haut et plus loin, l’univers infini gardera
toujours cette aspect insondable. Comme un canon des plus sophistiqués
constamment hors de portée de sa cible, le savoir est voué à une sempiternelle
frustration merveilleusement transcrite par Bruehgel. Ce dernier mélange les
symboles du commerce et de la richesse (les navires marchands, la ville bourgeoise,
les sculpteurs) avec une bâtisse à l’architecture amputée. La Tour de Babel
perce les nuages mais l’horizon restera désert et inexploré.
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