" Il faut mettre fin aux idées reçues "
Ces spécialistes de la presse ont avant tout voulu mettre fin aux idées reçues.
S’il est vrai que la presse quotidienne payante a perdu le monopole de
l’information collective (ses lectorats anciennement « captifs »
ont dorénavant le choix de leur média) suite à l’émergence de la presse
gratuite en ligne, il n’en demeure pas moins que la demande en informations de
qualité n’a jamais été aussi forte. Dans un monde complexe, instable, le
lecteur recherche des dossiers détaillés pour mieux comprendre l’actualité. Il
cherche également des prises de
positions, des articles polémiques en
rupture avec la doxa, pour se forger une opinion qui ne soit pas uniquement conditionnée par l’information de
masse diffusée sur les antennes. Pour résumer dans un langage économique qui
vous sera familier : la demande est effective et c’est donc à l’offre de
s’adapter, et comme souvent, une nouvelle tendance semble émerger depuis les
Etats- Unis.
" La réconciliation du papier et du numérique, du gratuit et du payant "
Le New York Times semble avoir trouvé une recette bien adaptée aux
« nouveaux modes de consommation de la presse » via l’instauration du
système du paywall (péage). En enregistrant les visites des usagers, il permet
la lecture de dix articles mensuels, avant de demander une souscription. Les
grands quotidiens Français comme le journal Le Monde et les Echos devraient
progressivement adopter ce modèle pour attirer des clients attachés à leurs
tablettes numériques et en quête de flexibilité lors de leurs lectures, tout en
continuant à publier leurs éditions papiers qui séduisent encore leurs lectorats
traditionnels.
"L’heure est au sur-mesure, le lecteur est roi et le data mining devient nécessaire"
Le succès d’applications comme Flipboard (permettant à l’utilisateur de se
concocter une revue personnalisée en choisissant les rubriques et les sources
des articles qu’ils souhaitent voir dans son journal) est révélateur d’une
tendance nouvelle : le lecteur souhaite qu’on lui propose des articles
adaptés à ses goûts et ses centres d’intérêts. L’enjeu sera donc, selon nos
conférenciers, de s’attaquer au Big Data (ensemble de « traces »
laissés par chacun lors d’une navigation sur Internet) pour bien cerner le
profil de chaque abonné. Il s’agira ensuite de leur proposer un journal « sur mesure ». On se
livrera ainsi de plus en plus dans le
milieu journalistique à une pratique : le data mining (l’exploration de
données) déjà en pleine expansion dans d’autres domaines comme le marketing. Avis
aux futurs spécialistes du Big Data : vous pourriez bien travailler pour
les grands quotidiens dans les années à venir !
"Quid de l’avenir du métier de journaliste dans le contexte actuel ? "
Le métier de journaliste de presse écrite n’est pas prêt de disparaitre car la demande d’information n’a jamais été aussi forte. Il devient également de plus en plus intéressant, selon les intervenants, de pouvoir exercer un regard critique face à la pluralité d’informations dont nous disposons. Les conférenciers ont également rappelé, au vu de l’actualité, que les journalistes sur le terrain prennent de plus en plus de risques (comme en témoignent les exactions à l’encontre des journalistes en Syrie). En effet, sur les terrains de conflits : Syrie, Irak, Yémen, on remarque que les Etats-majors en interventions, rapatrient leurs troupes terrestres pour se concentrer sur des frappes aériennes et des opérations stratégiques ponctuelles. Moins escortés dans les zones de conflits, les journalistes sont plus vulnérables et sont des cibles idéales pour les groupes terroristes. Bien entendu, les groupes de presse comptent bien réagir et souhaitent renforcer avant tout la sécurité de leurs employés dans les années à venir.
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