Le vide
Ça faisait
surement des mois que j’y vivais. Combien je n’en sais trop rien,
le temps fuit dès qu’on y met un pied. Mon cancer m’avait imposé
un nouveau cadre, blanc et stérilisé. L’hôpital était devenu
mon quotidien, mon repère, mon entourage. Et là-bas plus l’on est
cassé, plus l’on nous aime. Moi ça tombait bien j’étais
devenue chauve et déprimée. Alors au moins à l’hôpital on
m’aimait bien.
Mes journées se
ressemblaient excessivement. J’appelais l’infirmière à mon
réveil, davantage pour sa compagnie que pour m’aider à avaler la
pilule. Car à défaut d’être en bonne santé, j’avais le temps.
Le temps de me réfugier dans la littérature et d’oublier mes
maux. Il y avait aussi quelques personnes à qui j’aimais parler à
l’hôpital. Des copains de fortune avec qui je pouvais refaire le
monde faute de retrouver le mien. Je n’étais ni heureuse ni
malheureuse. Je vivais, et c’était tout. Mais j’avais peur que
tout s’arrête, peur de disparaître.
Ça faisait
surement des mois que j’y vivais. Combien je n’en sais trop rien,
le temps fuit dès qu’on y met un pied. Et un beau jour j’ai eu
le malheur de guérir. Pendant des mois j’avais ressenti la peur du
vide. Maintenant il était temps de vivre ma peur. C’était
paradoxale, je l’avais toujours associé à la mort.
Ça faisait
surement des mois que j’y vivais. Combien je n’en sais trop rien,
le temps fuit dès qu’on y met un pied. Et derrière lui, le vide.
Vide chien
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