Mister Babadook

Croyez-le ou non, Mister Babadook, le nouveau bijou cinématographique de Jennifer Kent, n’a rien d’un film pour enfant. Mêlant horreur et tragédie, c’est pendant plus d’une heure et demi que vous assisterez au cauchemar d’une femme veuve et de son fils de sept ans, s’efforçant ,tant bien que mal, d’évincer bien plus qu’une force maléfique.



L’histoire



C’est sur le chemin de l’hôpital, qu’Amélia, s’apprêtant à accoucher de son enfant, perd son mari dans un terrible accident de voiture.  Débutent alors des années de deuil insoutenables pour la jeune veuve, qui ne peut s’empêcher de repenser à cette horrible journée et d’associer l’anniversaire de son fils, Samuel, à la mort de son mari. 

Depuis ce jour, la cave de leur maison s’est transformée en un véritable sanctuaire où chaque objet appartenant au défunt mari et père fait office de relique. Samuel, à peine âgé de sept ans, souffre de terreurs nocturnes si puissantes qu’elles affectent sa vie sociale et inquiètent de plus en plus sa mère. L’enfant confectionne des armes afin de lutter contre d’éventuels monstres et souhaite, plus que tout, protéger sa mère. Pourtant déscolarisé en raison de ce comportement étrange, Amélia s’entête à croire que Samuel est un enfant ordinaire et que la mort de son père ne doit en aucun cas être le motif de ces écarts.
Elle ne se doute pas que la nuit suivante allait sonner le glas d’un long et épouvantable cauchemar qu’elle allait vivre avec son fils.


Comme à leur habitude, Amélia propose à Samuel de choisir son histoire du soir dans la bibliothèque de sa chambre. L’enfant décide alors de choisir un livre à la couverture rouge intitulé Mister Babadook… Ce présumé conte pour enfant était en réalité un livre maléfique annonçant la folie meutrière qui allait gagner Amélia si elle laissait un certain Mister Babadook pénétrer l’antre de sa chambre et de son âme...




BABA DOOK-DOOK-DOOK !


La critique



Adepte des films d’épouvante, je n’oserai pas placer intégralement le film Mister Babadook dans cette catégorie. A la différence de Conjuring, considéré comme l’un des films d’épouvante les plus poignants de l’année 2013, il n’est pas question ici de force maligne ou d’esprit maléfique mais bien de quelque chose dont les effets sont aussi dévastateurs : le deuil. Un deuil que Jennifer Kent parvient, et ce de façon sublime, à « personnifier » sous les traits de Mister Babadook, une ombre à chapeau aux griffes acérées. Un deuil qui s’avère aussi terrifiant, en raison de sa part d’inconnu, que les forces surnaturelles.

Lorsque Mister Babadook tente de rentrer en Amélia, il s’agit, en réalité, d’une invitation tacite à la déchéance provoquée par la perte d’un être cher. Mister Babadook apparait sept ans après la catastrophe car Amélia ne parvient toujours pas à tourner la page. Plus qu’affaiblie et également en proie à des terreurs nocturnes ressassant la mort de son mari, elle laisse Mister Babadook obscurcir son âme. Possédée par le deuil, elle devient aigrie et sujette à des folies meutrières. Après avoir étouffé son chien, c’est finalement son propre fils, considéré alors comme l’élément déclencheur de ce deuil, qu’Amélia tentera de tuer par strangulation dans la cave.


Ce film est également, une ode à l’amour qui peut lier une mère à son fils et inversement. L’enfant, bien qu’il ne soit âgé que de sept ans, comprend les souffrances endurées par sa mère et tente de faire partir Mister Babadook quitte à avoir recours à des armes contendantes. Amélia lutte également pour faire partir Mister Babadook en exaltant son amour pour son fils et en se montrant plus forte et plus protectrice que jamais.


La chute du film montre alors le triomphe de l’amour maternel sur le deuil.


Un deuil, qui sous les traits de Mister Babadook, reste cette ombre qui ne partira sans doute jamais mais qu’Amélia et Samuel gardent enfermée à double tour dans la cave. 

Gabrielle Esperance
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