Les Rendez-Vous-du Changement sont
en contact depuis plusieurs années avec le consulat américain et son attachée
culturelle : Aurélie Delaissez Forstall. Cette dernière nous propose
chaque année d’organiser des manifestations culturelles permettant aux étudiants des Ecoles et universités
toulousaines d’approfondir leurs connaissances des Etats-Unis et d’en
questionner certaines actualités marquantes. Le jeudi 14 janvier 2016, elle
nous a notamment permis d’organiser à TBS une conférence avec un professeur
d’Histoire américain spécialiste du parti Républicain: M.Joseph Crespino.
Nous remercions une nouvelle fois nos homologues de Sciences Po :
l’association Cactus ainsi que le consulat américain de Toulouse sans qui cette
rencontre n’aurait pas été possible. Aussi, à l’occasion de cet événement, le
nouveau consul américain de Toulouse (en fonction depuis août 2015) :
M.Mark Rincòn (vous trouverez sa
présentation officielle ici) nous a fait l’honneur de sa visite et a accordé à TBS press un entretien traduit et résumé ci-dessous. Le
consul nous présente entre autres son parcours, les motivations qui l’ont
conduit à une telle fonction aujourd’hui et les principales missions du
consulat de Toulouse.
Bonjour Monsieur le consul c’est un honneur de vous recevoir à Toulouse Business School. Je ne suis pas très au fait des usages, comment dois-je vous appeler, avez-vous un titre particulier ?
Oui, en Américain on dira
« Consul » tout simplement mais vous pouvez m’appeler Mark !
Très bien nous allons commencer par une question qui nous intéresse particulièrement en tant qu'étudiants : comment êtes-vous devenu consul, quel a été votre parcours ?
Et bien J’ai commencé par passer
une licence en sciences politiques à
l’Université de Notre Dame (Indiana) avant de passer un Master II en affaires
publiques et relations internationales à l’Université de Texas à Austin. Je
suis passé par la France, où j’ai obtenu
un master II en affaires européennes. Je dois dire que très tôt j’ai été
passionné par les relations internationales et j’ai eu l’envie de me tourner
vers une carrière de diplomate. J’ai donc naturellement présenté l’examen qui
permet à tout citoyen américain (âgé de 20 à 59 ans) le réussissant
de servir par la suite le département des affaires étrangères américain.
Avez-vous eu une expérience mémorable
dont vous pouvez nous faire part (dans votre métier ou dans vos études) ?
Oui, bien sûr, durant mes études
j’ai eu l’occasion de faire un échange universitaire à l’étranger. Je me suis
rendu à Angers dans une famille d’accueil où j’ai été très bien reçu. Je crois que
c’est à ce moment-là que je suis tombé amoureux de la France : sa culture,
sa langue et sa cuisine. Cette expérience a changé ma vie, car c’est grâce à
elle que j’ai compris que j’aimais découvrir d’autres cultures et travailler
dans un contexte international. C’est aussi cela qui m’a toujours donné envie de retourner en France dans le cadre
professionnel et c’est à présent le cas, puisque je travaille à Toulouse.
Justement, quelles sont vos
principales missions à Toulouse
aujourd’hui?
Le consulat américain de Toulouse
est formé d’une équipe de trois personnes travaillant au 25 allée Jean Jaurès, notre activité se décline en trois volets
majeurs :
Le volet
« assistance administrative » aux communautés américaines :
nous avons un rôle d’informateurs sur les procédures administratives. Notamment
sur celles permettant d’obtenir un visa ou un passeport. Nous mettons également
certains citoyens américains en relation avec l’ambassade américaine à Paris,
et nous nous assurons de les diriger vers le bon service.
Le
volet « activités économiques et commerciales » :
Toulouse et sa région représentent des zones stratégiques du point de vue
économique. Airbus, les grands acteurs du secteur aéronautique et spatial,
ainsi que le CNES (centre national d’études spatiales) sont bien connus
également Outre-Atlantique. De nombreuses entreprises américaines désirent
interagir avec le tissu économique et les centres de recherche de la région. Notre
rôle est une nouvelle fois de « jouer les intermédiaires » entre les
activités locales et les Etats Unis. Certaines entreprises américaines
souhaitent venir à Toulouse pour le business et inversement certaines
entreprises françaises souhaitent développer une activité aux Etats Unis. Le
consulat est donc au carrefour de ces intérêts : notre but est de fournir
de l’information et de mettre en relation les personnes qui nous contactent avec
des interlocuteurs pertinents afin de faire converger les intérêts.
Le volet
« diplomatie publique » : notre rôle est de
représenter les Etats Unis dans la région Midi-Pyrénées. Pour cela nous allons
à la rencontre de divers interlocuteurs, comme vous,par exemple,les
étudiants. Nous organisons des
manifestations culturelles comme des débats et des discussions entre français
et américains. Notre but est de renforcer le lien entre nos deux nations en
donnant à chacun des clés de compréhension de l’autre Etat. Le cycle de
conférence que nous organisons avec vous cette semaine à l’occasion de la
course pour la présidentielle aux Etats Unis fait partie de cette action. Nous
voulons favoriser les échanges culturels entre étudiants et conférenciers
américains qui tirent un profit mutuel de ce type de rencontres.
Sur le volet économique et
commercial, êtes-vous plus spécifiquement en relation avec la chambre de commerce
et d’industrie de Toulouse ?
Oui, nous sommes ouverts à de
nombreuses discussions et nous maintenons de bonnes relations avec des acteurs
comme la CCI. Cette dernière veut promouvoir les investissements d’entreprise
française en direction des Etats Unis. Et ce mois-ci (en Janvier) nous avons un
projet en rapport avec cela : nous organisons une conférence qui a pour
but de répondre à la question suivante : « comment investir aux
Etats-Unis ? ». Nous nous efforçons de répondre à des questions
comme : « comment obtenir un visa ? » « Que faire si
je veux implanter mon activité aux Etats Unis, quelle est la
procédure ? ». Nous collaborons ainsi avec la CCI pour d’une part
démarcher des intervenants pour cette conférence mais aussi d’autre part pour
tenter de répondre ensemble aux questions que je vous ai mentionné précédemment.
Nous discutons de la difficulté que certaines entreprises françaises peuvent
avoir pour investir aux Etats Unis et nous cherchons des moyens de mieux informer
les chefs d’entreprise des possibilités dont ils disposent.
Mais comment faites-vous pour
remplir autant de missions avec une
équipe composée de seulement trois
personnes ?
Depuis que vous travaillez dans
la diplomatie (vous avez notamment été en poste au Chili, en Colombie, en Israël, au Brésil, en Irak et en Jordanie) quelle a été votre
pire journée et votre meilleure journée au travail ?
Je pense que le pire jour que j’ai
vécu est mon deuxième jour de travail au tout début de ma carrière. C’était le
11 septembre 2001. Je n’ai pas besoin de vous en expliquer la raison… Je
travaillais alors à Washington DC et on a dû ce jour-là quitter en urgence les bureaux
où je travaillais, tout le monde paniquait. Je me souviens des regards que nous
avons échangé avec mon groupe de collègues, pour beaucoup nous venions à peine
de débuter nos carrières dans l’administration américaine. Pour ma part j’ai
alors ressenti un profond sentiment de frustration. Je regrettais le fait d’être
totalement impuissant face à cette tragédie. Dès le lendemain, malgré le
contexte des plus tendus nous étions pourtant tous de retour au travail et j’ai
alors été très fier de faire partie de cette administration qui ne cédait pas à
la peur : ce « jour d’après » est pour moi « un des bons souvenirs » que vous me demandiez.
Dernière question, en rapport
avec la précédente : vous sentez vous parfois « en danger »
dans l’exercice de vos fonctions ?
Je pense que le danger est
omniprésent de toute évidence à notre époque. Je sens que mon travail est
devenu dangereux. Aux Etats Unis, tout le monde pensait jusqu’à récemment que
la France était un « pays sûr » et pourtant le terrorisme a frappé la
capitale le 13 novembre 2015. Dans mon pays, nous avons été frappé une nouvelle
fois par le terrorisme dans la foulée. Je suis conscient d’être parfois en
danger, mais j’ai toujours été convaincu que j’exerçais une profession
formidable et je suis très enthousiaste à l’idée de travailler dans un pays
comme la France. Cet enthousiasme me fait en quelque sorte oublier le danger,
ou du moins je me dis que « ça vaut le coup » d'exercer malgré tout un tel métier.
Nous remercions une nouvelle fois
Monsieur le Consul pour cet échange très enrichissant qu’il nous a accordé.
Nous ne manquerons pas, nous l’espérons d’organiser de nouveaux événements avec
le consulat avant la fin de l’année scolaire.
Vous pouvez retrouver plus d’informations sur le consulat américain de
Toulouse en consultant :
Le site Internet : http://toulouse.usconsulate.gov/index.html
2 erreurs se sont glissées dans cet article:
RépondreSupprimer- le consulat américain de Toulouse se situe non pas au 19 allée Jean Jaurès (qui est l'adresse du consulat de Tunisie) mais au n° 25.
- Le pire jour que le consul Mark Rincon ait vécu au début de sa carrière pourrait vraisemblablement être le 11 septembre 2001 (09.11.01 -événement tragique marqué dans toutes les mémoires) et non le 11 décembre 2001.
P.S.: en français les mois ne prennent pas de majuscule (contrairement à l'anglais): janvier, novembre, décembre...