Vous l’aurez compris, Black Mirror
exploite un thème d’actualité avec une intelligence glaçante. Il n’y a qu’à
voir le résumé du premier épisode, « l’hymne national », (national
anthem) :
« Le Premier ministre
Michael Callow se retrouve face à un dilemme énorme et choquant lorsque la
princesse Susannah, un membre bien-aimé de la famille royale, est kidnappée. »
Vu la tête de la requête en
question, autant dire si la joie envahit nos cœurs quand crispés sur notre
fauteuil nous attendons de voir si le premier ministre va accéder à la demande
étrange du kidnappeur. La prestation Rory Kinnear, qui joue le premier
ministre, est parfaite. A vrai dire dans chaque épisode, on ne peut que
compatir et se demander ce que nous ferions si jamais une chose pareille nous
arrivait, si nous étions confrontés à cette foule désincarnée et
ultra-connectée, toute-puissante derrière leur écran noir, qui nous juge et
dont les réactions sont souvent imprévisibles. Le premier épisode nous montre
notamment à quel point ce qui circule sur internet est difficilement
contrôlable, comme si nous avions finis par être dépassés par un système que
nous avions mis en place.
En effet chaque épisode est
construit autour d’un postulat théorique intéressant qui rend la série
particulièrement clairvoyante sans pour autant alourdir son propos. L’hymne
national traite surtout de la société du spectacle, de l’événementiel et
finalement du voyeurisme passif. Le deuxième épisode, 15 millions de mérites,
se concentre sur la notion de récompense virtuelle, comme dans chaque jeu dans
lequel nous devons accumuler des points pour débloquer des niveaux ou des prix,
mais aussi de la téléréalité. C’est le monde dans lequel évolue Bing, qui comme des milliers d’autres doit pédaler
chaque jour pour augmenter ses mérites (points), pour accéder à des émissions
ou pour payer les produits les plus basiques comme la nourriture.
Enfin, « arrêt sur
image » suit la paranoïa grandissante d’un jeune avocat en recherche
d’emploi lorsqu’il soupçonne sa femme d’avoir une aventure. Dans ce futur
proche, de nombreuses personnes ont près de leur nuque une puce implantée qui
permet d’enregistrer tous leurs souvenirs pour pouvoir les visionner à loisir.
Liam Foxwell utilisera ce dispositif pour enquêter sur son épouse, ce qui nous
amène finalement à nous interroger sur la notion de vie privée et de stalking.
Mais globalement la série traite
surtout de cette problématique du regard, du fait de pouvoir être observé par
tous ou de tout pouvoir observer, et c’est là que le titre prend tout son sens.
Black mirror est l’écran noir de nos téléviseurs, de nos téléphones, qui nous
renvoie notre reflet et nous montre qui nous sommes réellement, et pas toujours
le meilleur de nous-mêmes.
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